Le GEM La Belle Journée de Lille intra muros

Pour aller plus loin :
Portraits d’adhérents (Journal du GEM)
L’atelier théâtre de La Belle Journée Lille

Quand Julie, la nouvelle animatrice, est arrivée au GEM La Belle journée en 2016 c’était un véritable squatt remplis de tox et de vieux hagards. L’immeuble était au bord de l’insalubrité. Le GEM continuait à fonctionner mais dans l’anarchie la plus totale : plus de conseil d’administration, absence totale de suivi financier. Et Julie se retrouvait toute seule pour redresser la barre.
4 ans plus tard on mesure le chemin parcouru. L’immeuble à gardé son cachet du début du XXe siècle si particulier au Moulin (quartier populaire de Wazemmes). Mais il a été largement rafraîchi par son propriétaire. La vitrine du GEM n’est pas aussi coquette que celle de celui de Vanves mos en place par un président ex marchand d’objets de décoration, mais s’en est fini des rideaux qui masquaient le GEM aux regards extérieurs. Désormais le GEM s’affiche dans Wazemme, fier d’être un des grands lieux d’animation du quartier.

Les premiers mois, Julie s’est retrouvée toute seule, embauchée à mi-temps mais travaillant le double. Le parrain qui avait manifestement sous-estimé les besoins, comme cela arrive souvent (tous les parrains ne viennent pas au GEM au moins une fois par semaine comme les parrains modèles des Yvelines) a heureusement rapidement embauché un coordinateur chargé de remettre en place l’administration du GEM.

Un rôle d’assistante sociale multicarte

Celui-ci parti après avoir remis le GEM sur de bonnes rails, aujourd’hui Julie, travaille avec Lea, arrivée il y a un an, et la petite équipe va être bientôt rejointe par un troisième animateur embauché grâce au Fongep. Ça ne sera pas du luxe pour répondre aux besoins des 110 adhérents (beaucoup plus que la moyenne des GEM qui tourne autour de 43). Et il faut dire que pendant les 3 heures que nous avons passé avec Julie on a pu mesurer l’immensité de la tâche. Pas 10 minutes ne se passa sans qu’un Gémeur ne vienne la solliciter : qui pour organiser un voyage à Tourcoing, qui pour une carte bancaire bloquée ou un problème de curatelle. C’est sans doute toute la magie de la Belle Journée que d’être à la fois une association super autogérée avec des gémeurs de choc (tous ont gardé un formidable souvenir d’un des dernier président homme orchestre) tout en assurant un rôle d’assistance sociale multicarte. Trés soucieux du bien être de ses adhérents dont c’est parfois le dernier refuge, la Belle Journée ne pratique pas l’exclusion des mauvais sujets, mais leur inflige des moments de pauses, pendant lesquelles il s n’ont plus le droit d’aller au GEM tout en étant reçu à intervalle régulier par les animatrices pour faire le point.

La Belle Journée a toujours été un GEM autogérée, l’association et les animateurs prenant en charge tous les aspects financiers. Quant au parrain, cas presque unique dans les GEM autogérés (avec l’Eclaircie à Fontenay aux Roses parrainé par l’association Vivre), c’est une structure médico-sociale et non pas une asso d’usagers de type FNAPSY (Dans les GEM avec gestionnaire le parrain est souvent une création du premier pour répondre aux norme du Cahier des charges).
Le culinaire occupe une place très importante au GEM. On s’en aperçoit tout de suite en consultant la carte des petits plats à déguster affichée derrière le bar. Des repas sont d’ailleurs organisés 3 fois par semaine, réservés aux adhérents afin de préserver l’intimité du lieu. Contrairement au GEM de Margny qui est un des très rares GEM à organiser un repas quotidien, il n’y a pas ici de cuisinière attitrée, mais chacun doit mettre la main au fourneaux, la répartition des tâches étant décidée lors de la réunion bimensuelle. Le GEM achète sa nourriture et n’ a pas mis en place de système de récolte des invendus ou de distribution alimentaire (Banque Alimentaire ou surplus Européens). Les gémeurs ont pensé mettre en place un système de restauration à emporter pour les habitants du quartier (contrairement au GEM de Nantes, il ne dispose pas de l’espace nécessaire à l’établissement d’une cantine solidaire). Un autre axe de développement serait d’organiser des échanges avec les autres cantines solidaires du quartier, où le GEM pourrait aller manger plutôt que de préparer sa propre nourriture. Ca libérerait du temps pour organiser d’autres activités. Dans le GEM de Margny, la récolte de la nourriture puis la préparation des repas mobilisait le GEM sur la moitié de la journée, ce qui avait fini par en lasser certains : c’est quoi ce GEM on l’on ne fait que bouffer ?