Les GEMs des Dômes

Les GEM des Dômes ce sont 3 GEM appartenant au même gestionnaire, ci nommé GEMdesDômes et situés dans le département du Puy du Dômes, respectivement à Clermont Ferrand, Issoire et Cournon. Cette association a été créée en 2005, spécifiquement pour gérer des GEM, l’un à Clermont, l’autre à Thiers. Celui de Thiers a du fermer ses portes au bout d’un an de fonctionnement, faute d’un nombre d’adhérents suffisant, tandis que celui de Clermont continuait son petit bonhomme de chemin. En effet les structures médico-sociales refusèrent toute collaboration avec le GEM qu’elles considérèrent dès le départ comme un concurrent. On retrouve d’ailleurs cette hostilité latente dans de nombreuses villes où le GEM n’a pas atteint son public. Pour les professionnels du soin le GEM vient prendre leur place et remettre en question leurs compétences. Les Médiateurs pairs de santé sont confrontés à la même hostilité, principalement en milieu hospitalier. Dans les centre de réhab psycho-social, ça se passe en général beaucoup mieux.
Jusqu’à la création de l’association GEMdesDômes, il n’existait qu’une grande structure, Espérance63, anciennement Espérance Auvergne, structure médico-sociale départemental proposant un Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) des appartements thérapeutiques ainsi qu’un centre d’Accueil de jour, l’Oasis, sorte de super GEM- sauf que ça n’en est pas un puisqu’il est intégré à la structure médico-sociale- pouvant accueillir jusqu’à 100 personnes et proposant des activités similaires. L’existence de cette structure en partie financée par le Conseil Départemental explique que les GEMdesDômes ne bénéficient pas eux même de subventions locales : les collectivités ne peuvent pas être partout à la fois et financer à la fois Paul et Jacques.
Chaque GEM est très différent l’un de l’autre, ne serait-ce que dans sa localisation : c’est ainsi que le GEM de Cournon a acheté une maison de ville (ce qu’à également fait mais à un prix nettement supérieur le GEM de Nantes) tandis que le GEM de Clermont est logé par l’hôpital et que celui d’Issoire habite dans un petit appartement.

Une coordinatrice pour les 3 GEM

Une coordonnatrice est responsable de la supervision des 3 GEM. On trouve également à Clermont Ferrand un GEM Traumatisme Crânien très dynamique que nous également visité (le GEM Avenir). Comme c’est le cas dans la plupart des départements français où nous nous sommes rendus il n’entretient aucune relation avec ses homologues "psychiques". Les GEM d’un même département ne se fréquentent pas souvent. C’est donc normal qu’entre TC et psychiques, les relations soient encore plus difficiles : les besoins ne sont pas les mêmes et les uns et les autres se regardent parfois en chiens de faïence, se considérant comme moins handicapés que le voisin. Un des gros problèmes est celui de l’accessibilité des GEM psychiques, beaucoup des Gémeurs TC souffrant de déficit de mobilité.
Le local du GEM de Beaumont (un quartier de Clermont-Ferrand) se trouve dans l’enceinte de l’hôpital Gabriel Montpied, à une demi-heure du centre ville. Pas forcément l’idéal pour oublier l’univers médical. Mais reconnaissons en revanche qu’il s’agit d’une petite maison tout à fait agréable, avec qui plus est un jardin de 150 m2. Le GEM est bien sur présidé par un adhérent, mais reste largement dominé par son animatrice pour qui le président est davantage une interface entre le reste de la troupe et le staff que le chef du lieu : seul lui revient la gestion des 500 € du budget mensuel consacré aux activités. Et quand un Gémeur fait des siennes, ce sont les animatrices qui le convoquent dans leur bureau pour le réprimander.
Sans forcément se fréquenter tous les jours (chaque GEM a une population très différente l’un de l’autre et ne pratique pas du tout les mêmes activités), les GEM des Dômes ont développé une forte identité/stratégie commune. C’est ainsi qu’ils ont disposé d’un site WEB commun mis à jour très régulièrement jusqu’en mars 2013 ou 2016 pour le GEM d’Issoire, pilote du projet Internet : [http://GEMdesdomes.wifeo.com/] Aucun des 3 GEMs n’a en revanche une présence réelle sur Facebook.

Nous y avons envoyé un de nos comparses. Voici le compte-rendu de sa première visite :
C’est une maison blanche accrochée à la colline (non je ne parodie pas une chanson connue), c’est bien une maison blanche et elle est accrochée au Beau Mont. Chez nous, c’est le nom d’un bébé volcan. Pour y accéder, il faut suivre une impasse (mais cela ne fait pas sens) non goudronnée et l’on marche dans la pouzolane ou toutes autres poussières ou cailloux issus du volcanisme.
Attention, ne vous fiez pas à votre GPS, son adresse est 4 impasse xxx, sachez qu’il faut lire 4e impasse xxx, j’ai trouvé une voie privée xxx, mais j’ai mis quelques temps à trouver la véritable impasse xxx. Par chance, la ville est grande et vivante et quelques indigènes la fréquentent dans la journée. Un de ces indigènes a eu la gentillesse de répondre à ma question, « tout droit, tournez à droite (je déteste tourner à droite, je suis à gauche, de gauche, je tourne à gauche), suivez la petite descente et vous êtes arrivé.
J’ai suivi le chemin pour trouver cette maison blanche. Si j’ai bien fait le compte, elle compte quatre pièces, une cuisine, une salle de réunion, une cafétéria et le bureau des (chefs), animateurs, responsables… De toute façon, quand je suis arrivé, ils n’étaient pas là.
Si nous n’étions pas en Auvergne, ce serait une maison de riche, ici, c’est une maison normale, avec son (petit) parc et son (petit) jardin. Et même si l’environnement est fortement urbanisé, on a quand même l’impression d’être ailleurs (et j’adore être ailleurs).
À défaut d’être accueilli par les responsables, j’ai été accueilli, avec plaisir, par les personnes qui étaient présentes. Je débarquais, je ne souhaitais pas faire de conneries, je suis resté sur mon quant-à-moi. Assis sur un muret, pendant une longue heure, suivant des yeux les mouvements des gens présents, saluant ceux qui venaient me saluer, ignorant ceux qui m’ignoraient. Finalement et parce que j’avais mal au cul, j’ai rejoint la table commune au coeur du (petit) parc.
Cela faisait bien une heure que je n’avais pas fumé et j’avais soif. Pour être franc, je me demandais où j’étais tombé. La même réaction que j’avais eu quand ma sœur m’avait conduit à l’HP en 2016. « Je ne suis pas chez moi, je n’ai rien à faire avec eux ! ». Pas question que je discute, pas question d’échanges. Je suis moi, ils sont eux. Je suis moi et je ne suis pas comme eux.
Mais j’ai craqué quand on m’a proposé un café. Ils devenaient déjà plus sympathiques. Mal leur en a pris, ils on déclenché le moulin à paroles que je suis. Tout y est passé, mon passé, mon présent, mon avenir, qui j’étais, qui était ma famille que je connaissais, qui était celle que je ne connaissais pas, que je découvrais.
Heureusement, la cheffe est arrivée avec une collection d’oignons, je parle d’oignons de fleurs, c’est la saison pour les planter. Elle m’a reçu un long moment dans son bureau, si bien que je suis parti beaucoup plus tard que je ne le comptais et quand je suis rentré chez moi, il m’a fallu faire à pied de la gare à ma crèche : 2 km et j’ai des crampes dans les jambes.
A la question « Pourquoi venir au GEM ? », ma réponse « Pour élargir mon réseau social » (Normal, je suis censé être un spécialiste des réseaux sociaux). Il ne faut pas se payer de mots, si un con passait au large, je traverserais la mer pour le rejoindre. J’y suis prêt et j’en ai déjà repéré un.
« La Patience est la vertu cardinale des libertins ». C’est un de mes mantras. En attendant, j’ai eu le malheur de dire que j’étais un spécialiste du digital (ce qui est vrai). Le GEM a un vieux projet de site internet jamais abouti. J’ai discuté avec la coordinatrice des 3 GEM du coin, je lui ai fait des propositions, il est possible qu’elle attende de moi que je développe ce site. J’y suis prêt, je dois même dire que cela me ferait plaisir. Maintenant j’attends.