Les Nomades Célestes (Marseille)

Au milieu des années 2000, un collectif « logement/santé » composé de professionnels de santé mentale, de militants impliqués dans la lutte contre le sans-abrisme et l’accompagnement de personnes ayant connu la rue ainsi que la psychiatrie, aboutit à l’expérience d’un squat thérapeutique pour personnes « sans chez soi ». Cette constellation militante porte une voix critique sur la façon dont la société traite les personnes sans-abris et psychiatrisées. Elle est adossée à des dispositifs aux missions certes différentes (soin, entraide mutuelle, travail social, réduction des risques), mais qui commencent à reconsidérer le problème public associant sans-abrisme et santé mentale en mobilisant les concepts de rétablissement et de pair-aidance. Une dynamique est née qui va se concrétiser par l’émergence de dispositifs porteurs. Il s’agit plus particulièrement : – d’une équipe mobile psychiatrie/précarité de Marseille (équipe intégrant des pairs aidants en son sein), dont le responsable est un psychiatre ayant participé au squat ; – du groupe d’entraide mutuelle (GEM) des « Nomades Célestes » (dont le président vient aussi du collectif logement/santé) ; – du Programme « Un chez soi d’abord » (initié en 2011) dont l’équipe dédiée est composée de différents corps professionnels (psychiatre, éducateur, infirmier, pairs aidants).

Alors que l’association « Les Nomades Célestes » revendique depuis sa naissance une autonomisation par rapport aux institutions de soin et de travail social, son essor est étroitement lié à la manière dont le programme « Un chez soi d’abord » « orienté » rétablissement, porté par le milieu professionnel, gagne un droit d’expérimentation dans la ville. De fait, ses activités sont interdépendantes de celles des institutions d’aide et de soin présentes autour des thématiques concernant le sans-abrisme, l’hébergement, la réduction des risques, la santé mentale et même la Politique de la Ville. Que ce soit au niveau des acteurs engagés dans le conseil d’administrationv ou comme animateur du Groupe d’entraide mutuelle (GEM) ou encore du public qui fréquente les activités, l’interconnexion, mais aussi l’interdépendance, entre le GEM, l’équipe « Un chez soi d’abord » et l’équipe mobile de psychiatrie, est une donnée de base de la pratique.

Myriam Léon GEM : un potager à soigner Lien social numéro 1245 19 février au 4 mars 2019

A Marseille, le groupe d’entraide mutuelle les Nomades Célestes développe un projet de jardin thérapeutique et d’insertion. Objectif : inclure un public en souffrance psychique et en situation de précarité dans le tissu socio-économique et associatif local en participant à un véritable projet d’agroécologie urbaine.

Santé mentale au Québec
Des professionnels de santé mentale engagés auprès d’un réseau d’entendeurs de voix dans un programme de chez soi d’abord. A New Challenge of Working Together : Psychiatry and Hearing VoicesChristian Laval Santé mentale des populations Volume 42, Number 1, Spring 2017