Quand l’animateur et le président ne s’entendent plus

Présentation du GEM Tertio

Cet article en cours d’écriture est un pur essai d’analyse à chaud d’un événement sur lequel nous sommes encore à l’heure actuelle en train d’enquêter. Il ne doit donc pas être pris pour vérité absolue, d’autant plus que ’il s’agit d’une interprétation allant dans le sens des usagers, plus que de celui des structures médico-sociales qui elles aussi ont leur raison de fonctionner à leur manière.

Dans la majorité des cas la cohabitation entre le président d’un GEM et son gestionnaire se passe relativement bien. Il y a certes des petites tensions un peu tous les jours, des animateurs qui ne font pas toutes leurs heures, des frais qui ne sont pas remboursés assez vite, des budgets loisirs qui se réduisent en peau de chagrin....

Mais parfois cela peut virer au drame comme ce qui s’est passé avec l’ancien président du CNIGEM qui a été viré de son GEM pendant l’été 2018 et a du donc être remplacé par un président par intérim au CNIGEM, le fameux François Bourges. Cela vient de se passer au GEM autiste de Bordeaux qui était jusqu’à récemment présidé par le pianiste virtuose et autiste asperger William Theviot.

Mais celui-ci s’est rapidement montré un peu trop indépendant/individuel et s’est opposé aux méthodes de l’animateur qui militait plus semble-t-il pour un partage des pouvoirs. On a beau avoir la légitimité démocratique, on n’a pas celle des institutions et celle-ci sont toutes puissantes lorsqu’il s’agit de mettre à terre un individu, fut-il président. Une faille de plus sur le rôle des présidents de GEMs et de la difficulté d’autonomiser réellement les GEMs dans un contexte qui reste encore très médico-social et avec une vision paternalisante des neuro-atypiques.

Dès le début de notre enquête, à travers le GEM de Margny, nous nous étions aperçu à quel point le président était dominé par les institutionnels : "tu es président à l’intérieur, mais à l’extérieur c’est nous qui reprenons le pouvoir." Il avait en l’occurrence question que le président représente le GEM lors d’un débat sur un film chose que son parrain lui interdit, mettant également fin à la bonne collaboration que nous avions entamé.

Un président en vacance ou démis de ses fonctions ?
Le dossier est complexe. Chacun proteste de sa propre bonne foi. "C’est William qui est en vacance de présidence, c’est pour cela que nous avons du élire un président par intérim pour signer les papiers et continuer d’assurer le bon fonctionnement du GEM."

On se retrouve là aussi peut être un peu dans le cas d’un président surdimensionné, par rapport à la mission que voulait lui faire jouer les institutions, mais aussi par rapport au reste du public du GEM. "Ils se sont dit chouette un pianiste virtuose, c’est bon pour l’image du GEM, ils n’ont pas tout de suite réaliser que cela voudrait dire quelqu’un d’exigeant et de sur de lui." N’oublions pas que le Cahier des Charges lui même écrit que les adhérents sont un public fragile et vulnérable. Si même les grands penseurs de la CNSA le pensent, il est légitime pour une petite structure médico-sociale de se dire : fragile, vulnérable....donc docile. Il faut voir aussi que tout cela s’est passé très rapidement : quelques mois après la création de l’association. Il est souvent normal que les débuts soit chaotiques et nécessitent de laisser du temps au temps : les choses ne se seraient pas naturellement arrangées au bout de quelques mois ?

Un président sous contrôle
Il est certain en tout cas que le président du GEM s’est rapidement retrouvé pris dans un système dont il n’était qu’un rouage ("on me faisait signer des papiers vierges") et que plutôt que de jouer le rôle de bon petit handicapé de service, il a préféré prendre ses distances. Ces clash entre Présidents de GEM et gestionnaires sont légions comme nous le disions précédemment. C’est dans ces cas là que le parrain à un rôle important à jouer en ré-affirmant la pré-éminence des adhérents sur le gestionnaire. Ce qu’il n’a pas pas fait en l’occurrence à Bordeaux, puisque parrain (Asper33) et gestionnaire tous deux purement locaux, semblent être trop proche l’un de l’autre, ce qui est d’ailleurs le cas dans de nombreux GEMs, puisque la séparation parrain/gestionnaire n’y est que cosmétique. Au lieu de venir dire la justice comme l’aurait fait un parrain national comme la Fnapsy, le parrain local, qui n’est qu’une branche du gestionnaire (ou a beaucoup moins de pouvoir), obéit à ce dernier au doigt et à l’oeil. Si le GEM avait été parrainé par la Fnapsy, parions que Claude Finkelstein n’aurait pas hésité à convoquer une AG extra-ordinaire et à traverser la France pour sauver "ses gens".

Addendum du 7 fevrier 2020 après visite du GEM Tertio
Louis Schweitzer ou Steve Jobs : excellent président ayant ses limites ou président visionnaire mais borderline. Sans doute que le second laissera plus de trace dans l’histoire que le premier, mais le premier est un véritable humaniste humain, ce que n’a jamais été Jobs.

En relisant l’article que j’ai écris à propos de la présidence écourtée de William Théviot je comprend que vous aillez pu le trouver à charge, même si , la plupart des lecteurs ont trouvé qu’il faisait bien la part des choses, relativisant la position des uns et des autres. C’était d’ailleurs plus un article pour prôner la libération des adhérents face au gestionnaire et au parrain, qu’un article sur Tertio.

Il est clair que être président ou animateur de GEM, c’est aussi beaucoup être souple distancié, plus tourné vers les autres que vers soi et apaisant. Je comprend tout à fait ce qui a pu faire que William ne puisse continuer sa présidence.

Pour aller plus loin :
Le point de vue de Thierry Gé, membre du Comité National de Suivi des GEMs de la CNSA
L’article de SudOuest paru le 6 janvier 2020 sur l’affaire
Les présidents de GEMs
GEMs, la démocratie Potemkine
Vous avez dit : "entraide mutuelle" ? Florence Leroy, Martine Dutoit et Claude Deutsch
Dans VST - Vie sociale et traitements 2011/4 (n° 112), pages 106 à 111

Et vous quel est la situation chez vous ? Dites le nous dans le formulaire ci dessous en n’oubliant pas de préciser quel est votre GEM.

Documents joints

Messages

  • Une réponse des membres de Tertio sera apportée prochainement. Le Conseil d’Administration de Tertio se réunissant le 9 décembre. Hugues Cariou, président de Tertio

  • Je suis sur que tout se résoudra prochainement. Merci de votre franchise en tout cas.

  • Nous ne sommes pas en guerre !

    Comme vous le précisez en début d’article, nous sommes d’accord avec vous pour dire qu’il n’est pas possible de produire une analyse au moment d’une enquête, " à chaud ".

    Nous pourrions rajouter sans vérification au préalable de ses sources.

    Nous ne parlerons pas de vérité, encore moins de vérité absolue. Juste de réalité.

    Et oui, comme tout le monde, nous, autistes, pouvons avoir de réels dons artistiques et aucunes dispositions en tant que responsable associatif. Etre Asperger et avoir des pathologies associées.

    Ne pas pouvoir signer des documents essentiels au fonctionnement d’un GEM, même conseillés par des personnes bienveillantes. Préférer régler nos factures en monnaie virtuelle.

    Nous ne souhaitons pas rentrer dans des polémiques stériles. Nous ne comprenons pas non plus les raisons de produire un article sur un sujet géré dans les règles et sereinement.

    Nous sommes autistes, pas débiles. Nous sommes déjà assez stigmatisés. Nous ne voulons pas, en plus, être victimisés.

    Nous saisissons cette occasion pour remercier nos associations marraines, ARI, Asper 33, Marc, notre coordonnateur / animateur, Alexandra, notre nouvelle animatrice pour leur écoute, accompagnement et bienveillance.

    Précieuses aides quant à la gestion et le quotidien de ce bel outil. Un lieu totalement ouvert à la différence, sans préjugés, essentiel à notre épanouissement personnel.

    Si cela était juste un processus de questionnement, merci à vous. Nous allons très bien.

    De plus, pour information, William est toujours membre de notre GEM et du Conseil d’Administration.

    "Un préjugé est plus difficile à désintégrer qu’un atome". Albert Einstein

    Bien sincèrement, avec nos salutations associatives

    Les membres, le conseil d’administration, le bureau et le président du GEM Tertio

  • Oui en effet le terme est un peu excessif. Disons qu’une certaine tension rêgne à Tertio et que ça chaufe carrément pour certains.