Témoignage de l’animatrice du 1er GEM de Nanterre

Je suis Christine Roberto et j’ai mis en place, animé et géré le tout premier GEM de Nanterre, que les adhérents avaient nommé Alliances, dans un local de près de 120 m2 à la sortie du RER Nanterre-Préfecture, de juillet 2006 à août 2013. J’ai d’ailleurs rencontré quelques personnes et GEM cités sur votre site. Entre autres : Aurélien Trois-Oeufs, Béatrice Benattar, Guy Baillon et Claude Finkelstein., laquelle avait d’ailleurs mis sur pied en 2011, la première formation pour les animateurs de GEM, en formation continue, avec l’Université de Paris 13 de Saint-Denis.

J’ai eu des collègues durant un an et demi, puis nous avons reçu des stagiaires et lors des deux dernières années, le relais a été pris par un petit réseau bénévole, renouvelé au gré de nos rencontres et activités locales, parisiennes et d’ailleurs. Les repas du week-end et les sorties de nuit étaient follement appréciés des Gémeurs : restau, théâtre ou concert, dont le dernier de Yaël Naïm. Nous avions la chance inouïe d’être soutenus par la municipalité (tarifs réduits) et son CLSM avait notamment mis en lumière nos actions, en organisant notre « Expo à l’Office du tourisme », puis un « Tour de la ville en bus, à partir et vers le GEM Alliances », etc. La fréquentation, alors déjà élevée, explosait. Or, j’ai cru comprendre qu’il avait fermé… Pour renaître plus petit de ses cendres.

Parce que je mettais les adhérents au premier plan en valorisant la synergie de groupe, et priorisant leurs choix et décisions qui s’affinaient au fil des délégations et débriefs, dans une autogestion s’harmonisant de mieux en mieux (même en présence de SDF, à l’époque en tout cas), eh bien…, j’ai été mise sur la touche…

Juste après que nous réalisions, à Marseille l’année de l’ouverture du MUCEM, notre premier séjour (quasi gratuit : merci l’ANCV, merci l’AGAPSY), président et trésorier de l’association des adhérents étaient partis seuls à l’assemblée générale du GEM FRANCE, dans la mesure où je ne voulais pas influencer le président qui jamais ne résistait à l’attraction d’un micro. C’était leur choix fédératif de s’affilier à GEM FRANCE après avoir un temps cotisé à la FNAPSY, qu’ils envisageaient d’ailleurs de façon égale. Seule, l’envie de nouveauté avait motivé le changement. Et puis, j’ai rejoint les éclaireurs avec quatre autres adhérents et le voyage a été génial, vraiment : on a tout arpenté en à peine trois jours et on a vu l’essentiel de Marseille ! On avait une majorité de moments partagés et un peu en « libre ». Pendant ce temps-là, les autogestions se déroulaient à merveille.
J’ai beaucoup écrit sur les GEM, étant donné qu’à partir de 2009, je reprenais les études. Je suis AS de métier, ES en pratique et travailleure sociale pour toutes les transversalités qui sont nécessaires aux métiers que, précisément, Pascale Molinier a nommés le « Care », et je dispose de quelques velléités techniques tous azimuts, artistiques picturalement et musicalement parlant, ainsi qu’au titre de la détente et de la rigolade, en n’omettant pas le cadrage par ailleurs. Cette reprise d’études qui n’a été révélée que sur la fin à mon employeur et aux adhérents, m’a permis de décrocher une Licence de Psycho. J’ai poursuivi à Paris X La Défense-Nanterre, n’en étant pas peu fière d’avoir été admise par Mme Attigui au Master de Psychologie clinique (le Graal de la psycho !). J’opte pour l’option Psychopathologie psychanalytique et le mémoire, sous la direction et thématique du « Rêve » de Mme Andronikoff, m’incite à décrire : « La réalité du quotidien normal, à la portée des adhérents du GEM » ou « leur Rêve vécu ». Et je croise en amphi M. Cyrille Bouvet (je citerai son ouvrage sur Basaglia/l’Antipsychiatrie), le jour du partiel (une amie me prenait ses cours).
Je dois rapidement abandonner le master, en raison de mes horaires de travail modifiés. Il faut savoir que ces 4 premières années d’études, je les ai réalisées grâce à mes horaires décalés et au coût d’un week-end tous les 15 jours. Avec la « normalisation » courant 2012 de nos journées de travail, concentrées sur la semaine et la journée, je ne peux plus retourner suffisamment à la fac. Or l’analyse retournée à ma pratique me « boostait », contrairement à mes précédents week-ends me laissant en partie « amorphe ». Ce qui est courant dans ces professions et que j’analyse comme le poids ou contrecoup de ce que nous recevons si, de surcroît seuls, nous ne prenons pas le temps d’analyser notre pratique, situer nos errements et décortiquer les bienfaits du dispositif. Ayant ensuite eu à me protéger d’une fallacieuse « faute professionnelle », mon arrêt maladie d’un an (puis mon licenciement) m’a dirigée vers les UE du CNAM, que j’ai explorées sous le versant de la Psychologie du travail. Ainsi que de la Formation des adultes et la Psychodynamique du travail que j’avais ajoutées à mon cursus, tout en recevant de mon directeur de mémoire un appréciable enseignement à la Clinique de l’activité. Sondant l’histoire psychiatrique/antipsychiatrique, mon mémoire de Master s’intéressait à : « La psychiatrie ouverte en France, à partir de 2005 ». Et je démontrais comment les adhérents au moyen d’une forme d’Instruction au sosie, qu’Yves Clot développe en Clinique de l’activité, s’attelaient à une « mise au travail », qu’ils transféraient par la suite si ce n’était au plan professionnel, à titre personnel au titre d’une meilleure intégration et visibilité citoyennes. Le mémoire adressé à l’EHESS a probablement mieux décrit ce que nous avons développé avec les adhérents, grâce au soutien des stagiaires, bénévoles et partenaires, dont la municipalité de Nanterre et son CLSM, nous mettant à l’honneur dès que possible.
Autant dire que j’ai énormément écrit et par la même occasion, beaucoup communiqué, voire trop, vers les UFR de différentes universités. De façon récurrente, mes écrits focalisaient sur les apports de GEM « en réelle transmission ». Que ce soit le mémoire de mon Master 1 en Psychologie du travail, puis celui de mon CAFDES aux fonctions de directrice d’établissements psycho-sociaux-éducatifs, je recevrai à chacune de leur issue, de déroutantes « non-validation » ou « annulation avant jury »…
Je poursuis un Master 2 en Sciences de l’éducation « formateurs des formateurs du « care » » à Paris 13 Saint-Denis, où cette fois le mémoire est très bien noté, à propos de « L’Assistant familial : famille ou travailleur social ? ». Et je refais au CNAM, un nouveau mémoire qui tout juste reçoit la moyenne : « La fonction d’animation du personnel enseignant, en accompagnement de groupes, en mesure de produire un conseil en orientation ? ». Puis je m’attelle à créer le projet me tenant à cœur depuis 2003, soit un « lieu de vie » ou tiers lieu destiné à la protection de l’enfance. En m’appuyant sur le transfert de mon expérience en GEM, en tant que moyen de prévenir ou mieux accompagner la santé mentale, qu’on sait galopante dans le monde et ce, pour longtemps (constat OMS).
A priori, c’est ce qui nous pend au nez, si l’on ne change pas nos paradigmes d’interventions, à la croisée du socio-éducatif, de la médecine et de l’enseignement. Qui cela dit au passage, ne seront garantis qu’avec un respect minimal par nos nouvelles directions technocratiques, des savoir-faire essentiels à la restauration de savoir être faits de sens et de valeurs, au nom de l’Humanité.

Vous savez, celle qui fout le camp toujours plus

Vous savez, celle qui fout le camp toujours plus et qui aujourd’hui, est capable de faire pleurer jusqu’à nos jeunes de banlieues, qui se rendant aux obsèques d’un camarade, peinent à articuler étranglés par leurs sanglots : : « Y’en a marre de cette violence pour rien. Un regard, un mot, on te tape, on te tue ; ça suffit, faut arrêter tout ça ! »…
Je comprends mieux aujourd’hui en lisant votre blog, très intéressant et instructif, mes difficultés redondantes, jusqu’à mon activité empêchée. Vous venez de créer quelque chose de nouveau : toutes mes félicitations. Il y avait à l’époque beaucoup de forums de discussions. Votre site ouvre sur une réflexion large et constructive. Et il me plairait que ce billet mien y reste visible.